Donder, Donder
J’ai rencontré les trois (très) jeunes musiciens de Donder il y a tout juste un an, à l’occasion d’un concert bluffant qu’ils donnaient dans un petit club liégeois. Lors de l’interview qui a suivi celui-ci, nous avons abordé le sujet des influences (E.S.T., Mark Hollis, …) dont aucun des musiciens n’avait conscience. De même, le trio n’a aucune idée quant à la méthode de travail utilisée par les autres groupes de jazz en général. Pour leur part, ils griffonnent un mot sur une feuille de papier. Ce mot sera la source d’inspiration (ou non) de la bande sonore largement improvisée qui l’illustrera. Voici donc venir la suite très attendue au premier album « Still » paru en 2016. Enregistré en un jour dans une église à Copenhague, le deuxième album de Donder plonge un peu plus ses membres dans l’introspection. Les Anversois s’éloignent de la clarté diffuse de « Still », pour prendre une voie plus ténébreuse encore, à l’image de la pochette (sans titre) très sombre et belle qui accompagne le disque. On note la quasi absence de rythme. La contrebasse se joue à l’archet, le batteur (Casper Van De Velde, dont le projet parallèle SCHTNZL rencontre un succès grandissant) caresse les peaux plutôt que de les frapper. Le fait d’avoir adjoint le souffleur danois Lars Greve (Girls in Airports) au trio pour une majorité des titres n’y changera rien. La musique de Donder déborde des cadres conventionnels pour atteindre une dimension presque concrète. Comme un enfant qui quitte la maison familiale, le trio déjà mature, s’émancipe un peu plus encore. Il l’assume, nous le respectons… Donder en « release tour » en Flandre à partir du 19 mai (Gand, Lanaken, Tirlemont et Ostende).
Joseph « YT » Boulier
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